Mise en place d’un réseau de « citoyens vigilants » : EELV s’abstient

Intervention de Pierre Chazan au conseil municipal du 05 Février 2015 à propos du dispositif de « participation citoyenne » consistant à développer un réseau de citoyens en relation avec la police nationale.

Monsieur le Maire, mes chers collègues,

Cette délibération a pour objet de faire adhérer la commune à un dispositif de « participation citoyenne » entre l’état et la commune d’Orsay. Nous souhaitons faire entendre les objections et remarques des élus écologistes tant sur la forme que sur le fond :

Sur le fond :

Ce type de contrat se multiplie à travers toute la France sous l’impulsion des services de l’état. Il est inspiré, je cite «  d’une pratique anglo-saxonne éprouvée ».

L’exemple Anglo Saxon est-il à suivre ?

Je voudrais, tout en restant bref vous faire partager un exemple vécu. Je travaille dans une entreprise anglaise située au Chelmsford, nord de Londres, tout à fait similaire à Orsay.

Là, les réductions d’effectifs dans la police professionnelle sont telles que les syndicats de policiers en sont réduits à interpeller la population par une campagne d’affichage dans les gares. Par ailleurs, à ma grande surprise, l’Etat embauche des bénévoles pour pallier à ces réductions d’effectif : j’ai d’ailleurs une collègue qui va passer ses week-end à faire des rondes policières !

Bref, ce à quoi je veux en venir c’est que le modèle anglais, de baisses des effectifs, d’appel au bénévolat et à la surveillance collective, d’utilisation massive de caméras n’est pas nécessairement un exemple à suivre. En effet, l’évaluation de cette politique n’en démontre pas l’efficacité.

Si tout n’est pas à rejeter, la France et les pays anglo-saxons ont des spécificité culturelles et si l’on s’inspire d’un modèle , il faut une réflexion approfondie sur ce qu’on veut en faire dans le modèle Français. Cette réflexion manque.

Sur la forme :

Force est de constater que la concertation n’a pas eu lieu préalablement à ce conseil. Si une réunion publique dédiée à cette question s’est bien tenue, si ce dispositif a été présenté aux 3 conseils de quartiers, les élus EELV n’ont été associés en amont à aucune discussion sur les différents choix possibles, et n’ont donc pu donner leur avis, car ils ont découvert le dispositif via la présente délibération.

Parmi les questions que cette délibération nous pose, relevons :

  • Quelles sont les informations recherchées par la Police ?
  • Quelle formation pour les « habitants relais » ?
  • Combien d’habitants relais faudrait-il à Orsay pour que ce dispositif soit efficace ?
  • Y aura-t-il une sélection ou non ?
  • quelles directives seront envoyées aux citoyens référents ?
  • quelles seront les informations transmises par la Police au citoyen référent, et qu’en fait il ?
  • quelles actions la police mettra-t-elle en œuvre en retour ?
  • une signalétique sera-t-elle mise en œuvre et sous quelle forme ?
  • une expérimentation sur un quartier n’aurait-elle pas été préférable ?
  • Et la plus importante : qu’est-ce qu’un comportement suspect ?

Par ailleurs, des dérives nous semblent possibles : mise en place de rondes de citoyens relais, suspicion généralisée, fausses rumeurs…

Si nous reconnaissons la nécessité d’agir globalement à Orsay comme ailleurs pour lutter contre les cambriolages, nous pensons que, sur de telles questions de fond, une concertation et une réflexion plus approfondie auraient été souhaitables.

Monsieur le Maire, la sécurité des citoyens est un sujet qui nous importe et qui justifie un débat.

C’est la raison pour laquelle nous nous abstiendrons pour cette délibération.